Harmony

Harmony, est une série de photos faisant partie d'un travail personnel sur le Corps. Mon travail s'orientait sur la représentation du Corps poussé à ses limites. Pour cette série d'images, j’ai choisi de représenter des éléments de souplesse isolé en tentant de supprimer tout autres éléments extérieurs.

Photo studio d'une gymnaste en noir et blanc nommée Upavistha-Konasana
Upavistha Konasana
Photo studio d'une gymnaste en noir et blanc nommée Diamond
Diamond
Photo studio d'une gymnaste en noir et blanc nommée Bridged
Bridged

La représentation du corps est beaucoup plus présente depuis l’art moderne. Peut-être que ce n’est qu’à partir d’une époque plus moderne que l’on commence à s’interroger sur notre propre corps. On observe tout d’abord dans l’art les représentations du corps liées à la beauté, l’harmonie et l’idéal. Mais l’art contemporain pose des questions plus polémiques sur la beauté et ainsi apparaît le corps changé, défiguré, stylisé, géométrisé. Plus tard encore, le corps devient l’outil de représentation avec des œuvres de Klein ou de Pollock. L’art ira même jusqu’à représenter son propre corps et le mettre en jeu en le soumettant à différentes épreuves des plus simples au plus insurmontables.

Qu’en est-il du corps aujourd’hui ?

Le corps peut-il être considéré comme un médium ?

Photo studio d'une gymnaste en noir et blanc nommée Windmill
Windmill
Photo studio d'une gymnaste en noir et blanc nommée Natarjasana
Natarjasana
Photo studio d'une gymnaste en noir et blanc nommée Swan
Swan

Les actions telles que le body art peuvent soulever certaines questions sur la place du corps dans l’art. Savoir si le corps peut n’être considéré que comme un médium pour l’art peut questionner sur la conception de l’humanité en général. Il s’agit ici d’une crise identitaire pour savoir quelle place le corps peut avoir dans le monde de l’art.
Le corps est un instrument.
Un instrument qui se transforme par lui-même avec l’âge ou par la façon dont on le traite. Mais l’on peut également façonner cet instrument qu’est le corps de la façon que l’on souhaite. C’est le principe même du sport. Outre les besoins psychologiques, le sportif cherche à modifier son corps afin d’en obtenir un idéal, d’atteindre un but qui peut être visuel ou kinesthésique. Par le sport, le corps est soumis à des exigences de performances et d’esthétiques.

Pour ma vision, j’ai décidé de travailler avec la danse. La danse regroupe de nombreuses disciplines, qui demandent des exigences différentes. La danse permet de présenter un grand nombre d’exigences, souvent opposées dans les autres sports. Ainsi on y demande : une grande force physique sur toutes les parties du corps et une maîtrise parfaite de ses mouvements, une endurance développée, une force mentale impressionnante, une souplesse hors normes, une technique poussée et un régime alimentaire stricte. Les améliorations physiques sont donc bien visibles et les prouesses qui en découlent sont visuellement impressionnantes.

Photo studio d'une gymnaste en noir et blanc nommée Rainbow
Rainbow
Photo studio d'une gymnaste en noir et blanc nommée Rajakapotasana
Rajakapotasana
Photo studio d'une gymnaste en noir et blanc nommée Koala
Koala

Mais comment représenter un corps poussé à ses limites ?
La souplesse est une exigence technique très demandée en danse. Une exigence qui implique beaucoup de douleurs physiques et dont rien que la pensée d’une souplesse aussi extrême peut faire souffrir. En utilisant cela, on peut montrer des danseurs en pleines prouesses gymniques liées à la souplesse. Une prouesse qui leur semblera « normale » tandis qu’un public non spécialiste n’y verra que spectacle et douleur.

Harmony est une série dans laquelle j’ai choisi de représenter des éléments de souplesse isolés, sans aucun autre élément extérieur. Ce projet avait un sens à être créé en studio. Après de nombreux essais, j’ai trouvé l’éclairage qui pouvait le plus correspondre à mon idée et ai donc choisis de partir sur une idée proche de ce que l’on peut trouver dans l’éclairage type « médaillon » mais en ayant un rendu moins brute. Cet éclairage reste simple et a été fait avec deux torches à intensité égale qui éclaire un fond uni. Ce schéma me permet alors de créer un cercle lumineux du blanc au gris sur mon fond. Mes modèles, issus du milieu de la danse, la gymnastique ou du spectacle vivant, ont appliqué les poses que j’ai choisis au préalable. Des poses qui demandent des contraintes physiques parfois extrêmes. Harmonie entre le corps et l’esprit, c’est avec leur rigueur qu’elles se sont permis d’acquérir une capacité physique au- delà de ce que la normalité leur autorise.

Photo studio d'une gymnaste en noir et blanc nommée Dangerous Bird
Dangerous Bird
Photo studio d'une gymnaste en noir et blanc nommée Butterfly
Butterfly
Photo studio d'une gymnaste en noir et blanc nommée Bridge
Bridge

Le modèle étant placé devant les éclairages, il se retrouve complément noir et se détache donc pleinement du fond. On ne perçoit que très peu de détails sur le modèle. Le but premier étant de se concentrer sur la position prise par le modèle. Mais, une deuxième lecture est possible de cette image en regardant de façon plus proche. En effet, les quelques détails légèrement illuminés permettent de donner une personnification à cette pose très inhumanisée.

Au départ de cette série, j’ai utilisé une chambre et le procédé argentique noir et blanc. En créant un éclairage sans couleur, en utilisant de l’argentique noir et blanc, en numérisant mon image en niveaux de gris et en imprimant à l’aide d’une seule encre noire, j’ai pensé et travaillé mon image pour que la totalité du projet soit exempte de couleur. Avec l’agrandissement de la série et la multiplication des poses, l’argentique s’est éloigné et comme une évolution dans la série, la technique à évoluer et fonctionne pour les dernières images en totalité par des moyens numériques.

Photo studio d'une gymnaste en noir et blanc nommée Bird of Paradise
Bird of Paradise
Photo studio d'une gymnaste en noir et blanc nommée Attitude
Attitude
Photo studio d'une gymnaste en noir et blanc nommée Untitled
Untitled

Le format carré fut une évidence dès la première vision des images. En effet, les poses peuvent facilement être adaptées à ce format et l’unicité du cadrage permet à nouveau de se concentrer beaucoup plus sur le choix des poses, la difficulté que l’on peut ressentir et la beauté du rendu final.
Cette série a été exposé lors des Zarts Zinvités 2015. Pour en voir un "Behind the Scene" ça se passe ici

Photo studio d'une gymnaste en noir et blanc nommée Skid
Skid
Photo studio d'une gymnaste en noir et blanc nommée Flamingo
Flamingo
Photo studio d'une gymnaste en noir et blanc nommée Skandasana
Skandasana

Merci à elles, qui apparaissent dans ces photos :

Marion Louis
Cléa Schnieder / Instagram
Mathilde Roch / Instagram